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Agir



Agir.

Face à la destruction de notre planète, à la lente glissade autoritaire qui nous mène gentiment vers un monde dominé par les puces électroniques et le gel antiseptique, face au pouvoir de plus en plus illimité des puissances d'argent et à la "folie raisonnante" qui s'empare de ceux censés nous guider ; le désarroi m'assaille et ma conscience me hurle de faire quelque chose, d'agir.

Je ne suis sûrement pas l'unique personne à ressentir cette impérieuse nécessité, mais je suis seul face à mon âme, ses principes et ses remords.

Je n'ai pas 20 ans, je construis mes idéaux, mes opinions, mes rêves. Mais tout cela vacille lorsque j'observe la marche du monde.

Les preuves sont accablantes, le réchauffement climatique et la destruction de la planète sont indubitablement causés par l'activité humaine. Tout le monde est au courant, et rien ne change, ou si peu. Il y'a longtemps que j'ai abandonné l'idée que nos gouvernants font de leur mieux. Cela m'épargne du souci et me laisse du temps pour d'autres réflexions. Les gouvernants ne font rien car la destruction de la planète les arrange, en faisant fructifier les capitaux de leur classe.

Mais alors, la question en devient obsessionnelle : que faire ?? Que faire pour tenter d'endiguer l'hémorragie du vivant et stabiliser son état ? Lorsque ces réflexions surgissent, on cherche à agir, et on commence par vouloir se changer soi-même, en faisant évoluer son comportement et ses pratiques. Commence alors l'enfer de la culpabilisation et la course sans fin au perfectionnement. Tout devient une potentielle source de pollution ou de dégradation, pour le corps ou pour la nature (nourriture, vêtements, mode de déplacement, etc...). Même l'inaction des gouvernants en devient source de mal-être. Mais si ces préoccupations sont saines, elles ne peuvent être la seule solution. Elles ne peuvent pas car elles ne sont que les symptômes d'une problématique systémique. Et pour changer un système, il faut s'attaquer aux causes. Les trajets en vélo et les carottes bio seront dérisoires si les états continuent d'investir dans les hydrocarbures et de répandre du glyphosates dans nos sols.

Il faut donc effectuer une refonte totale et paradigmatique de notre mode de vie. Mais alors, prolongement de l'interrogation précédente : que faire lorsque le système dominant et coercitif met tout en place pour se conserver et éviter les modifications vitales nécessaires ? Je pense qu'il faut tout d'abord garder en tête la puissance du golem que l'on veut abattre. Il sera impossible de terrasser cette machine en combat singulier. Déchargeons-nous de cette injonction à résoudre le problème seul.e !

Il est ensuite primordial de conserver des espaces de joie au sein de ce maelström de violences et désarroi. Le système a pour horizon un monde mécaniste, automatisé et prévisible ; il souhaite broyer l'incertitude qui caractérise notre humanité : ne lui laissons pas ce plaisir. La chute d'un édifice s'annonce dès la première fissure, dès le premier interstice dans ses fondations. Trouvons ces espaces et développons-les, par le chant, la danse, l'Art et les liens humains. L'organique est toujours plus puissant que le mécanique.

Tissons des liens d'espérance et retrouvons-nous, créons du collectif pour parer à l'individualisme vers lequel on nous pousse.

Enfin, et de manière plus pragmatique, il me semble qu'il faut trouver satisfaction dans des petites victoires, afin d'avoir malgré tout le sentiment d'avancer, et d'alléger le fardeau de l'injonction à agir. Soyons subversifs dans nos actes et dans nos paroles, gênons le système afin qu'il se grippe. Soyons le lierre qui s'immisce dans les fondations de leur projet funeste, soyons les racines qui feront s'écrouler les murs de leur forteresse. Que jaillisse l'eau là où ils ont voulu construire des barrages et que gronde la Terre là où ils ont voulu l'avilir. La masse

et le nombre seront nécessaires, alors déployons la nouvelle : le vivant est à la génèse de notre humanité, à nous de faire en sorte qu'elle n'en soit pas la fossoyeuse en retour. Des millions de choses pourraient être dites, peut-être que mes mots ne seront pas d'une grande utilité. Mais écrire, pour moi, c'est déjà agir.


Noé Morel, mars 2022

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