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Donald Trump, ou le mirage de l’America first - Partie 3


Le chaos de “la loi et l’ordre”



Si elles fédèrent une part importante de la population états-unienne, les manifestations Black Lives Matter voulant mettre fin aux inégalités entre les noirs et les blancs ont aussi divisé le pays. Dans plusieurs villes, des contre-manifestations ont été organisées dénonçant la réduction du mouvement antiraciste aux seules vies noires et lui opposant “All Lives Matter” et “Blue Lives Matter” (“Les vies des policiers comptent”).


Ces contre-manifestations ont parfois mené à des affrontements très violents comme ce fût la cas le 15 août 2020 où un milicien de 17 ans a abattu deux manifestants avant d’être arrêté lors des rassemblements de Kenosha en mémoire de Jacob Blake - ce noir états-unien grièvement blessé par des policiers.


Entre port d’armes et milices armées, le positionnement ambigu du président TRUMP


Ces contre-manifestations au mouvement Black Lives Matter ont ramené au centre de la campagne électorale la question des groupes suprémacistes et conspirationnistes qui agissent Outre-Atlantique où plusieurs groupes armés se sont formés et se posent en “défenseurs du modèle américain”.


Ces milices sont rendues légales par le deuxième amendement de la Constitution promulgué le 15 décembre 1791, conférant à chaque citoyen états-unien le droit de porter une arme. Ce principe constitutionnel devait au départ permettre de former des milices armées pour prévenir le retour de l’armée britannique sur ses anciennes colonies.


Mais ce droit de porter une arme est de plus en plus remis en cause dans ce pays où circulent près de 300 millions d’armes à feu. C’est notamment la position du candidat BIDEN, et celle du président OBAMA avant lui. Sans vouloir les interdire, pour ne pas cliver son électorat sur ce sujet explosif, Joe BIDEN veut un contrôle plus strict des armes à feu et veut interdire la vente de fusils d’assaut en laissant accessibles les autres types d’armes.


Alors que les États-Unis ont subi 33 tueries de masse en 2019, Donald TRUMP se pose lui en protecteur de cette liberté constitutionnelle. Réfutant les critiques émises contre le port d’arme, le président états-unien déclarait en août 2019 : “La maladie mentale et la haine pressent la détente. Pas le pistolet”. D’aucuns lui répondant que sans armes, pas de tuerie. En outre, ce soutien de M. TRUMP au droit de porter une arme n’est pas anodin. En effet, le milliardaire new-yorkais candidat à sa propre succession est soutenu par la National Rifle Association. Avec ses 5 millions de membres, ce lobby pro-arme s’opposant à la régulation des armes à feu, est un vivier très important d’électeurs pour le président sortant.


Ces organisations miliciennes modernes ne sont pas nouvelles et remontent aux manifestations pour les droits civiques des années 1960, où l’on parlait déjà à l’époque du retour de “la loi et l’ordre”, avec Ronald REAGAN et Richard NIXON.


Si ces groupes armés font de nouveau débat aujourd’hui, c’est parce que le président TRUMP a une position très ambiguë vis-à-vis de leur développement de plus en plus important, entre tempérance et galvanisation souterraine.

Cette ambiguïté s’est illustrée lors des manifestations de Charlottesville en Virginie les 11 et 12 août 2017. Celles-ci ont rassemblé des groupes du Ku Klux Klan, des groupes néo-nazis et fascistes face à des mouvements antiracistes et antifascistes provoquant des affrontements violents entre les deux camps où une manifestante a été tuée par la voiture bélier d’un suprémaciste blanc.

Suite à cette manifestation Donald TRUMP ne condamne pas l’extrême droite, mais renvoie dos à dos les manifestants en déclarant que “la violence vient de plusieurs côtés” et qu’il y a “des gens très bien des deux côtés”.


Les symboles de cette ambiguïté sont les Prouds Boys. Créé en 2016, ce groupe suprémaciste blanc prônant la violence armée pour protéger le “modèle américain” est une milice d’extrême droite soutien de Donald TRUMP et comptant près de 6 000 membres.

Lors du débat du 29 septembre, cette milice armée a été légitimée et galvanisée par la reconnaissance non-officielle du président états-unien qui leur demande de “reculer et de se tenir prêt” après que le modérateur lui ait demandé de condamner leurs actions. Homophobes et xénophobes, les miliciens de noir et de jaune vêtus n’acceptent ni les femmes ni les personnes de “couleurs”. Le FBI a classé les Prouds Boys comme un “groupe extrémiste” en 2018.


Au contraire de dénoncer le suprémacisme blanc d’extrême droite, M. Trump accuse l’extrême gauche de provoquer des émeutes et des incidents en marge des manifestations du mouvement Black Lives Matter, notamment ceux qu’il appelle les antifas - ces mouvements politiques opposés aux fascismes et plus largement à l’extrême droite - Donald TRUMP blâme dans le même temps Joe BIDEN de ne pas les avoir dénoncés et ajoutant lors de ce même débat présidentiel que “le problème ne vient pas de la droite”.

Or, cette non dénonciation des groupes de suprémacistes blancs et des milices armées de la part du chef de l'exécutif états-unien renforce la rupture politique et morale à l’œuvre dans le pays.


QAnon ou le symbole que la vérité ne suffit plus


A cette violence physique des milices armées s’ajoute la violence politique de la remise en cause de plus en plus importante des faits et de la vérité scientifiques par une frange de la population états-unienne.


Cette remise en question de la vérité est incarnée par QAnon, un groupe complotiste et conspirationniste états-unien placé à l'extrême droite de l’échiquier politique, et considéré comme une “menace terroriste intérieure” par le FBI.

Cette organisation est un fervent soutien de Donald TRUMP, qui serait pour elle le combattant d’une guerre secrète face au “Deep State”, un État dans l’État au coeur du gouvernement et de la classe politique états-unienne, en particulier les élus et personnalités démocrates comme Hillary CLINTON.

QAnon accuse cet “État profond” d’être responsable de l’assassinat de John Fitzgerald KENNEDY, des attentats du World Trade Center en 2001, de la crise des Subprimes de 2008, de la crise du coronavirus et de diriger plusieurs trafics pédophiles.


D’abord marginale, cette organisation est aujourd’hui à l’avant-poste de la campagne de Donald TRUMP. Les théories de cette organisation ont été relayées par plusieurs personnalités politiques du parti républicain comme le lieutenant-général Michael FLYNN, ancien conseiller à la sécurité nationale du président TRUMP.

Facebook a compté sur sa plateforme plusieurs milliers de groupes se déclarant proches de QAnon regroupant près de 3 millions de membres.

Cependant, Donald TRUMP assurait le 15 octobre 2020 ne pas connaître QAnon, réagissant lors d’une interview sur NBC : “Je ne sais tout simplement rien sur QAnon”.


La percée de ce groupe conspirationniste témoigne de l’ampleur qu’a pris la remise en question permanente de la vérité, et ce notamment depuis l’arrivée à la présidence de Donald TRUMP.

Durant sa campagne de 2016, le candidat TRUMP va utiliser à de nombreuses reprises le terme de “fake news” pour qualifier les informations à son sujet qu’il considérait comme mensongères. Mais à l’inverse il va déformer la réalité et mentir sur de nombreux sujets pour faire coller sa réalité à son discours.

Au 27 août 2020, les journalistes du Washington Post ont dénombré 22 247 affirmations fausses ou trompeuses prononcées par Donald TRUMP depuis son entrée en fonction le 20 janvier 2017.


Le milliardaire New-Yorkais va, en l’espace de 4 ans transformer radicalement la communication politique, non seulement dans sa forme avec l’utilisation massive des réseaux sociaux - Twitter particulièrement - mais aussi sur le fond.

En effet, dans le discours souvent provocateur du président états-unien, ce ne sont plus les faits qui importent, mais l’impact qu’a l’information sur la population et en particulier sur son électorat que le président veut galvaniser.


Depuis le début de son mandat, M. TRUMP remet régulièrement en cause la parole des spécialistes et des scientifiques sur tous les sujets : de l’économie à l’immigration, de l’environnement à la question sanitaire.

Ces mensonges répétés lui ont valu la qualification de “menteur compulsif” par plusieurs élus d’opposition comme Bernie SANDERS, mais aussi de son propre parti comme le sénateur du Texas, Ted CRUZ.


Exemple parmi d’autres de la décrédibilisation de la vérité, Donald TRUMP ne cesse depuis 2016 de remettre en cause les enquêtes d’opinion qui lui sont défavorables. Cette pratique est encore plus vraie à l'approche des élections présidentielles. Le locataire de la Maison Blanche a déclaré sur Fox News à propos des sondages montrant Joe BIDEN en tête des intentions de vote : “Je ne suis pas en train de perdre. Ce sont de faux sondages. Ils étaient faux en 2016, et là ils le sont encore plus”.


Bref,


La violence qui a infusé la vie politique états-unienne depuis plusieurs années avec l’émergence de groupes suprémacistes et la recrudescence des théories conspirationnistes a fragilisé l’idéal démocratique construit autour de la confiance dans les institutions et de la liberté d’expression. Ces épisodes socio-politiques mettent la Démocratie face à ses faiblesses alors que de plus en plus de régimes autoritaires accèdent au pouvoir et imposent leur vérité.



La politique étrangère de Donald TRUMP ou la “doctrine du retrait”



“America first” : Symbolisant à elle seule la vision politique de Donald TRUMP, cette expression a encore plus de sens lorsqu'il s’agit de la politique étrangère des États-Unis. Pour un certain nombre d’observateurs, le président TRUMP a renoué avec la politique étrangère isolationniste des États-Unis d'avant-guerre.


Dans son discours du 2 décembre 1823, James MONROE, le cinquième président des États-Unis développait la doctrine éponyme. Ce principe de politique étrangère isole le continent américain de toute colonisation européenne et pose la non-intervention des États-Unis dans les affaires du monde et notamment de l’Europe. Dans le même temps, le continent Sud-Américain devient la chasse gardée de l’Oncle Sam.


Cette doctrine est interrompue avec l’intervention des États-Unis dans la première guerre mondiale sous l’impulsion de Woodrow WILSON en avril 1917. L’isolationnisme états-unien prend réellement fin après la seconde guerre mondiale et se mue en multilatéralisme alors que Washington sort grand vainqueur du conflit. Entre 1945 et 1991, l’armée états-unienne intervient officiellement dans 28 pays du monde, notamment en Afrique et en Asie.

Mais c’est après la guerre froide et la fin du monde bipolaire, que le pays devient “le gendarme du monde”. La première guerre du Golfe de 1990-1991 est l’un des symboles du multilatéralisme alors que les États-Unis interviennent à la tête d’une coalition de 34 pays sous l’égide de l’ONU.


Mais cette conception multilatéraliste s’effrite au début des années 2000 suite aux attentats du 11 septembre 2001 qui vont mettre fin au statut “d’hyperpuissance” des États-Unis. La présidence de George W. BUSH marque un tournant unilatéraliste ayant pour objectif le maintien de la suprématie états-unienne et la lutte contre le terrorisme marquée par plusieurs interventions militaires unilatérales au Moyen-Orient et la définition de ”l’Axe du mal” par George W. BUSH.


L’accession au pouvoir de Barack OBAMA en 2009 entraîne un certain retour du multilatéralisme et de la coopération internationale sur de nombreux sujets tels que la lutte contre le réchauffement climatique, la question du nucléaire iranien ou encore sur la guerre en Syrie.


Un retour (logique) à un isolationnisme unilatéral


En janvier 2017, Donald TRUMP est investi président de la première puissance mondiale, et son objectif est clair, “rendre sa grandeur à l’Amérique”. Le président TRUMP veut privilégier les intérêts des états-uniens et revient à une politique unilatérale et isolationniste. En effet, dès 2017 Donald TRUMP annonce le retrait de son pays de plusieurs organisations internationales : des accords de Paris sur le Climat le 1er juin et de l’UNESCO le 12 octobre. En parallèle, le président états-unien veut renégocier l'ALÉNA à l’avantage des États-Unis sans y parvenir et annonce le retrait des troupes militaires états-uniennes de plusieurs théâtres d’opérations.

Mais dans le même temps, le budget militaire états-unien a augmenté de 5,8% entre 2018 et 2019 selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, atteignant en 2019, 732 milliards de dollars - 38 % des dépenses militaires mondiales.

En adoptant une politique unilatérale, Donald TRUMP déstabilise le multilatéralisme international où les États-Unis avaient un rôle central tout en ayant une position ambiguë envers certains régimes non démocratiques comme l’Arabie Saoudite, la Russie ou plus récemment la Corée du Nord.

Selon Richard HAASS, le président du council on foreign relation - un think tank d’analyse de la politique étrangère états-unienne - le président TRUMP a adopté la “doctrine du retrait”.


Moyen-orient, entre enlisement et lutte contre le terrorisme


Durant la campagne de 2016, Donald TRUMP considérait que les États-Unis n’avaient pas vocation à être “le gendarme du Moyen Orient”. C’est sur ce principe, et considérant que la lutte contre l’État Islamique était terminée, que le président TRUMP annonce la réduction du nombre de soldats états-uniens déployés en Irak de 5 200 à 3 000 à partir de septembre 2020. Barack OBAMA avait lui aussi diminué drastiquement le nombre de soldats combattant en Irak, passant de 160 000 militaires en opération dans le pays en 2008 à 4 100 en 2012.

De la même façon, l’actuel locataire de la Maison Blanche annonçait le 19 décembre 2018 le retrait des troupes états-uniennes de Syrie. Le lendemain, le secrétaire à la défense des États-Unis, James MATTIS, démissionne et critique la gestion militaire de Donald TRUMP en Syrie. Les forces états-uniennes se retirent du nord du pays entre le 7 et le 13 octobre 2019.

Mais le retrait des troupes états-uniennes de Syrie laisse la voie libre à Recep Tayyip ERDOGAN qui lance entre le 9 et le 29 octobre 2019 son opération source de paix pour prendre le contrôle d’un large territoire au nord-est de la Syrie, cette région du kurdistan syrien contrôlée par les kurdes des forces démocratiques syriennes, soutenue par la communauté internationale et les États-Unis. La Turquie veut établir une “zone de sécurité” en territoire syrien pour y installer des campements de réfugiés fuyants les combats en Irak et en Syrie.


Suite aux attentats du 11 septembre 2001, George W. BUSH engage “la guerre contre le terrorisme” et fait intervenir l’armée états-unienne dès octobre 2001 en Afghanistan pour lutter contre Al-Qaïda dans ce qui deviendra le plus long conflit armé engagé par les États-Unis. Alors qu’en 2020 l’Afghanistan n’a pas connu la paix depuis un siècle, 8600 soldats états-uniens sont toujours déployés dans le pays malgré les velléités de retraits engagées par Donald TRUMP et Barack OBAMA avant lui. Les États-Unis veulent passer sous la barre

des 5000 soldats avant la fin de l’année, et un retrait total des troupes d’ici 2021 dans le cadre de l'accord de Doha entre le gouvernement Afghan et les Talibans s’il y a un retour de “la paix”.

Pourtant, l’Afghanistan reste encore aujourd’hui instable et ne permet pas un retrait immédiat du contingent états-unien, même si Donald TRUMP se targuant d’être l’instigateur de cet “accord de paix révolutionnaire”, rappelait fin-septembre, “Nous ramenons nos soldats à la maison”.


Cependant, le fait est que les Etats-Unis et leurs troupes déployées dans de nombreux pays du monde assurent un certain équilibre politique et arbitrent autant que faire se peut des conflits locaux et régionaux comme le montre l’intervention turque en Syrie permise par le retrait états-unien.

Mais pour Hamit BOZARSLAN, docteur en science politique, “les États-Unis ne sont plus le repère de confiance au Moyen-Orient”, et ce au delà de la simple figure du président TRUMP.


Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, Donald TRUMP voyait, dans son discours de Riyad du 21 mai 2017, la lutte anti-terroriste contre l’Etat-Islamique comme une “bataille entre le bien et le mal” et définissait son “nouvel axe du mal” en montrant du même doigt l’État Islamique et l’Iran.


Accord sur le nucléaire Iranien : du multilatéralisme au va-t-en-guerre états-unien


Le 14 juillet 2015 les accords de Vienne sur le nucléaire Iranien sont signés par les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que par l’Allemagne, l’Iran et l’Union Européenne. Cet accord allège les différentes sanctions contre le développement du projet nucléaire iranien imposées à l’Iran par les États-Unis, l’Union Européenne et l’ONU notamment sur les importations d’armes depuis 1979.

De son côté, l’Iran doit se débarrasser de ses réserves d’uranium enrichi et limiter son utilisation à l’usage civil en permettant des contrôles réguliers de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique.


Au contraire de renforcer la coopération multilatérale initiée par le président OBAMA, Donald TRUMP rompt avec la politique internationale de son prédécesseur.

Ouvertement multilatéral, Barack OBAMA appelait dans son discours du Caire du 4 juin 2009 à “un nouveau départ entre les musulmans et les Etats-Unis” et considérait que “le cycle de la méfiance et de la discorde devait s’achever”. Mais 10 ans ont passé depuis ce plaidoyer pour la coopération internationale et l’idéal de paix paraît inenvisageable aujourd’hui alors que la poudrière du Moyen-Orient semble plus inflammable que jamais.


Cependant, les tensions entre l’Iran et les États-Unis ne datent pas de l’arrivée au pouvoir du président TRUMP.

En 1953, la CIA - l’agence de renseignement extérieur des États-Unis - participe au coup d’État du 19 août contre le premier ministre iranien de l’époque, le socio-démocrate nationaliste Mohammad MOSSADEGH après que ce dernier ait annoncé le nationalisation des industries pétrolières iraniennes. Suite à cette éviction politique, Mohammad REZA PAHLAVI, soutien fidèle des États-Unis, est consacré shah d’Iran.

Les scandales de corruption et l’échec des réformes socio-économiques de la “Révolution Blanche” lancée au début des années 1960 vont provoquer une escalade des critiques contre shah, et à travers lui contre “le Grand Satan” états-unien. Territoire stratégique au Moyen-Orient contre l’expansion du communisme, l’Iran échappe de plus en plus au contrôle des États-Unis.

Cette perte de contrôle sur la Perse atteint son maximum avec la révolution iranienne de 1979 où le pays va basculer du cercle d'influence états-unien à la République Islamique de Rouhollah KHOMEINI, l’Ayatollah leader de la tendance révolutionnaire religieuse.

L'image symbole de la rupture des relations entre les deux puissances est la prise d’otages de l’ambassade des États-Unis à Téhéran du 4 novembre 1979. Appuyée par l’Ayatollah KHOMEINI, cet événement imprègne aujourd’hui encore les relations entre Téhéran et Washington, alors que les 52 otages états-uniens ne seront libérés qu’en 1981.

La participation des États-unis de Barack OBAMA à l’accord de Vienne est saluée par la communauté internationale comme le retour du multilatéralisme états-unien et d’un rapprochement progressif des relations Irano-états-uniennes.


Toutefois, l'entrée en fonction de Donald TRUMP a exacerbé les tensions avec l’Iran. Le 8 mai 2018, le président TRUMP fait sortir les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, parlant d’un “accord désastreux” en décalage avec les intérêts états-uniens. Il souhaite dans le même temps renégocier un accord plus favorable pour son pays. Mais avec le retrait des États-Unis, l’Iran reprend une partie de l'enrichissement de son uranium et renforce la rupture avec la première diplomatie mondiale.

C’est à l’été 2019 que la discorde entre Washington et Téhéran atteint son paroxysme lors de différents épisodes de tensions dans le Détroit d’Ormuz - pétroliers britanniques et japonais arraisonnés, drones abattus, opération de bombardement avortée.

Ce détroit stratégique entre le Golf persique et le Golfe d’Oman relie les principaux pays producteurs de pétrole et de gaz au reste du monde. En 2018, plus de 20 millions de barils transitaient chaque jour par le détroit, soit 1/3 du trafic pétrolier maritime mondial. Suite à cette escalade des tensions, l’Iran menace de bloquer le détroit, ce qui pourrait provoquer un nouveau choc pétrolier.


Alors qu’il figure en tête de liste du “nouvel Axe du mal” développé par Donald TRUMP, le régime des Mollahs est qualifié par Mike POMPEO - actuel secrétaire d’État des États-Unis - de « principal sponsor du terrorisme” international. C’est dans ce sens de la lutte contre le terrorisme que l’administration TRUMP a placé les gardiens de la révolution iraniens sur la liste noire des terroristes et a éliminé le général iranien Qassem SOLEIMANI, commandant des forces d’élite iraniennes Al-Qods, dans une attaque de drône le 3 janvier 2020.


Enfin, pour achever une économie iranienne déjà exsangue, l’administration TRUMP par la voix de son secrétaire d’État Mike POMPEO a annoncé le samedi 19 septembre 2020, que les sanctions économiques mises en place par l’ONU avant les accords de Vienne étaient de nouveau en vigueur. Décision unilatérale des États-Unis, le secrétaire d’État a menacé de sanctions économiques tout pays qui ne respecterait pas ces mesures.


Si les États-Unis s’opposent aussi fortement à l’Iran c’est pour empêcher le régime des Mollahs de s’imposer en puissance hégémonique du Moyen-Orient. En effet, le pays souhaite étendre sa zone d’influence à toute la région en intervenant militairement ou en soutenant certains conflits comme en Syrie, en Irak, au Liban ou encore au Yémen. En acquérant l’arme nucléaire, l’Iran deviendrait une menace pour les intérêts états-uniens dans la région, volant à ces derniers le monopole de l'interventionnisme.


États-Unis/Chine : un transfert de “l’hyperpuissance” ?



Lorsque l’on parle de puissance hégémonique, on ne peut pas ignorer la Chine qui s’impose de plus en plus comme “l’hyperpuissance” de demain. Inquiet de ce développement galopant de l’Empire du Milieu qui fait de plus en plus d’ombre aux États-Unis, Donald TRUMP veut contrer la stratégie chinoise.

Tout d’abord en attaquant son économie. Le président TRUMP a dès 2018 engagé une guerre commerciale contre Pékin pour diminuer l’omniprésence des produits manufacturés chinois sur le marché états-unien.

Ensuite, en accusant la Chine d’être responsable de la propagation du coronavirus à l’échelle mondiale. Donald TRUMP accuse Xi JINPING de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour endiguer le virus et dans le même temps dénonce les activités de l’OMS qu’il qualifie de “marionnette de la Chine”.

Enfin, en critiquant la politique intérieure du gouvernement chinois. La réponse répressive face aux manifestations de Hong Kong et Taiwan, le non respect des droits de l’homme dans le Xinjiang où plus d’un million de Ouïghours étaient internés en 2018 - selon un rapport de l’ONU - sont des sujets d’intenses crispations entre les deux premières puissances mondiales.


Toutefois, l’opposition entre les États-Unis et la Chine se fait maintenant sur tous les pans de la puissance à l’aube d’une potentielle “guerre froide” sino-états-unienne. À l’instar de la guerre froide post-seconde guerre mondiale, celle qui pourrait se produire entre l’Empire du Milieu et le berceau du capitalisme est ici encore une bataille idéologique pour imposer son modèle.

Mais, “la politique du siège vide” prônée par l’Union Soviétique dans les années 1950 ne sera plus envisageable tant la Chine a su s’imposer dans toutes les grandes instances internationales comme une puissance incontournable et remplacer des États-Unis qui rompent de plus en plus avec la coopération mondiale et le multilatéralisme.


Bref,


Washington rompt depuis deux décennies avec l’image de meneur du “monde libre”, adoptant une diplomatie de plus en plus unilatérale visant à préserver au maximum les intérêts états-uniens. Si l’élection de Barack OBAMA en 2008 présageait un retour au multilatéralisme d’après-guerre, l’arrivée au pouvoir de Donald TRUMP a enfoncé le clou du retrait états-unien.

Prônant le principe de “l’Amérique d’abord”, le président TRUMP inquiète par sa politique étrangère radicale pour satisfaire les intérêts de “l’Oncle Sam”. En abandonnant les soldats kurdes dans le nord de la Syrie, en soufflant sur les braises du dossier iranien ou encore en attisant les tensions avec la Chine et l’Union Européenne contre qui le locataire de la Maison Blanche menace de déclencher une nouvelle guerre commerciale.



Hugo Désévédavy


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