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Jouer pour faire oublier les bombes : face à la guerre, la résilience du football ukrainien



Huit mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, le championnat ukrainien de football masculin vit un début de saison rempli d’incertitude. Malgré les stades vides, les reports de matchs et la délocalisation de certaines rencontres, joueurs, supporters et dirigeants sont pleinement engagés pour continuer à faire vivre leur sport.


Jeudi 6 octobre 2022, aux environs de 23h, les travées bien garnies du Roazhon Park exultent. Vainqueurs du Dynamo Kyiv sur le score de deux buts à un, les joueurs du Stade Rennais viennent de faire un pas décisif vers la qualification en seizième de finale de la Ligue Europa. Au milieu du public Rouge et Noir, 250 réfugiés ukrainiens assistent, impuissants, à la défaite du club de la capitale ukrainienne. Invités pour l’occasion par les dirigeants rennais, ils ont fièrement arboré les couleurs de leurs pays du début de la rencontre jusqu’au coup de sifflet final, témoignant une nouvelle fois d’une résilience ukrainienne qui s’immisce jusque dans le sport.



Sièges vides, abris antiaériens et matchs délocalisés

A plus de 2000 kilomètres du calme de la capitale bretonne, au milieu d’une Ukraine meurtrie par huit mois de guerre dévastateurs, le football continue tant bien que mal à faire valoir ses droits. Alors que le conflit est brutalement venu interrompre le championnat ukrainien en février 2022, les dirigeants de la fédération ukrainienne, soutenus par le président Volodymyr Zelensky, ont pris la décision de maintenir l’organisation de la saison 2022-2023.


Face au contexte unique, les principaux acteurs du football ukrainien ont dû faire preuve d’adaptation pour assurer aux joueurs et aux équipes techniques un niveau suffisant de sécurité. Alors que la plupart des matchs se jouent dans l’Ouest de l’Ukraine, région jusqu’à présent relativement épargnée par les exactions de l’armée russe, les stades accueillant les rencontres sont dotés d’abris antiaériens en prévision des bombardements. C’est également cette considération qui a conduit à regret la fédération ukrainienne à faire jouer l’ensemble des matchs à huis-clos, dans l’objectif de protéger les supporters d’un éventuel raid russe.


En raison des combats, certains clubs n’ont eu d’autres choix que de délocaliser leurs matchs à domicile à des centaines de kilomètres de la ville dont ils défendent les couleurs. Une triste habitude prise depuis déjà quelques années par le Chakhtior Donetsk, club historique de la région du Donbass, contraint d’évoluer à Kiev depuis 2017 du fait de l’intensification du conflit entre les rebelles pro-russes et l’armée ukrainienne.



Le football pour « unir les gens »


Malgré l’absence notable des joueurs étrangers, autorisés par la FIFA à quitter le territoire ukrainien avec le début de l’offensive russe, le championnat ukrainien reste un moyen pour les supporters d’oublier momentanément les difficultés liées au conflit. Interrogé en août dernier par France 24, un jeune supporter du Dynamo Kyiv expliquait que le football est un sport qui « unit les gens » et que l’Ukraine « a besoin du football ».


Une conception pleine d’humilité et de simplicité du sport au ballon rond qui contraste avec les nombreuses critiques adressées aux organisateurs de la Coupe du Monde au Qatar. Éliminée lors des barrages de qualification par le Pays de Galles, la sélection ukrainienne ne sera d’ailleurs pas présente au Mondial pour porter haut les couleurs du pays. Un rendez-vous qui ne sera peut-être que partie remise, le président Zelensky ayant récemment annoncé une candidature commune avec l’Espagne et le Portugal pour accueillir la Coupe du Monde 2030. L’occasion peut-être de soutenir le moral des ukrainiens, tout en redonnant un peu d’humanité à un football mondial de plus en plus contesté.



François PAVY

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