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La révolution du clitoris

Dernière mise à jour : 27 sept. 2020


Cet article s'inscrit dans le cadre de la Semaine Contre le Sexisme ayant eu lieu du 9 au 15 mars 2020.

Clitoris : organe pourvu d'un peu plus de 8 000 terminaisons nerveuses, destiné seulement et uniquement au plaisir, occulté depuis des siècles et souvent mal représenté. Mais depuis deux trois ans,il revient en force et est défendu par pas mal de monde !



En 2017, le manuel de SVT des éditions Magnard représente pour la première fois le clitoris dans son ensemble. "Dans son ensemble" , c'est à dire l'organe d'environ 10 cm qui entoure l'entrée du vagin et plus seulement le petit bouton visible en haut de la vulve. Une véritable révolution pour le collectif SVT égalité ! En septembre de cette même année, sur leur facebook on peut lire : "Enfin ! Alors que l'ensemble des nouveaux manuels de collège paraissent, c'est l'occasion de découvrir qu'enfin, un manuel scolaire (celui des éditions Magnard) a pris en compte l'anatomie complète du clitoris dans son schéma d'appareil sexuel. C'est une grande première." Une évolution est en cours, oui mais voilà : " Il faut hélas le dire vite, car de tous les nouveaux manuels, un seul a mis à jour son schéma. Tous les autres (Belin, Bordas, Didier, Nathan, Hachette, Lelivrescolaire) ont recyclé leurs éternels schémas faux : sans clitoris, ou le mentionnant sans le représenter, ou en le réduisant à un organe de quelques millimètres (alors qu'il en fait 10 cm en moyenne). " Pourquoi une telle omerta clitoridienne alors que le pénis est lui toujours représenté dans son ensemble ?


De l'absence de fonction reproductrice à Freud


Selon le sexologue clinicien Jean-Claude Picard, interrogé par France culture en 2017, on connaît le clitoris dans son ensemble depuis au moins le XVIIème siècle. A cette époque, on pense que le clitoris a une fonction reproductrice et qu'en quelque sorte, c'est lors de l'orgasme que la femme ovule. Puis, en l'étudiant de plus en plus et grâce notamment au travaux Georg Ludwig Kobelt, on comprend en 1880 que l'ovulation intervient à un moment précis du cycle menstruel et que le clitoris n'a absolument rien à voir la dedans.

L'église condamne alors la masturbation réciproque vu comme un moyen de contraception et grand gagnant du péché charnel.


Puis, viens Freud et son Essais sur la théorie sexuelle publié en 1905. Pour le psychanalyste, la mastubartion clitoridienne est celle de la petite fille et est inadaptée socialement. En grandissant, l'orgasme de la femme doit venir exclusivement du vagin pour être socialement adapté. "Et là, si vous voulez on voit tout l’enfumage. Parce que qu’est ce que ça veut dire une sexualité organisée socialement ? ça ne veut rien dire " explique Jean-Claude Picard à France Culture.

L'analyse de Freud pose aussi une autre question : celui de l'orgasme clitoridien et de l'orgasme vaginal. Or, si vous avez suivi, cela ne veut en fait rien dire puisque le clitoris enserre le vagin. Les deux si on peut dire sont alors des orgasmes clitoridiens mais l'un vient d'une stimulation interne et l'autre d'une stimulation externe. " Freud est l’inventeur du terme “orgasme vaginal”, avant Freud, personne n’avait mis ces deux mots côte à côte. " explique le sexologue.


De l'excision


Si en occident, le clitoris a fait l'objet d'une excision mentale, ce n'est pas le cas du reste du monde. En 2016, l'UNICEF recensait 200 millions de femmes excisées à travers le monde. N'occultons pas le fait que cette pratique est aussi présente en France et dans d'autre pays d'Europe, mais elle est bien plus présente en Afrique et au Moyen-Orient.

Qu'est ce que l'excision ? C'est une Mutilation sexuelle féminine (MSF) qui consiste dans la plupart des cas dans l'ablation partielle ou totale du clitoris.

Pourquoi ? Plusieurs justifications sont données : une norme sociale très répandue, une obligation religieuse ou un moyen de contrôler la sexualité féminine. Véritable objet de domination patriarcale, l'excision est un moyen de contrôle du désir pour éviter les relations sexuelles avant le mariage et extraconjugale.

L'excision est une atteinte aux droits à l'intégrité physique, à la vie, à ne pas subir de traitements cruel et aux droits de l'enfant. L'excision est en effet pratiquée sur des jeunes filles de 4 à 15 ans.


Et la vulve alors ?


Selon une étude réalisée en 2009 par Annie Soutivet, 84% des filles de 13 ans ne savent pas représenter leur sexe alors que 53% d'entre elles peuvent dessiner un pénis. Etonnant ? Pas tellement quand on sait que les manuels scolaires ne représentent quasiment jamais le sexe féminin de face mais toujours en coupe. Le pénis est lui bien évidemment toujours représenté sous toutes les coupes possible.

Oui mais les personnes dotées d'une vulve vivent avec tous les jours et devraient donc savoir à quoi ça ressemble, non ? Pas si facile vu l'emplacement ! Quand tu as un pénis, tu te regardes de face dans la glace et tu as aisément accès à toute les parties. Pour regarder une vulve dans un miroir quand tu en as une, il faut te pencher en arrière, écarter les jambes et là tu vois tout. Problème : tout le monde n'a pas l'idée de le faire quand on ne te l'explique pas et que tu n'as pas réellement conscience... d'avoir une vulve tout simplement ! Dans son livre Le grand mystère des règles publié en 2017 chez Flammarion, Jack Parker s'étonne de ce constat : "j'étais tranquillement perchée sur ma petite planète, persuadée que s'il y avait bien une chose que les filles savaient, c'était qu'elles avaient un vagin et qu'il était assez facile à trouver [...] Et pourtant, non, en France, en 2010-et-des-cacahuètes, des jeunes filles ignorent encore où se trouve leur vagin.".


Preuve en est donc ici d'un manque cruel d'information sur ce sujet alors qu'il est facile, encore une fois, de savoir à quoi ressemble un pénis même qu'en on n'en a pas.


Vers l'évolution


Aujourd'hui, sur Internet on censure encore L'origine du monde de Gustave Courbet tandis que des statues grecques se baladent les testicules à l'air. Ca peut paraître affligeant mais pourtant il y a des évolutions notables.

Tout d'abord, bien évidemment, cette apparition complète du clitoris dans certains manuels scolaires. Des émissions sur Arte uniquement autour de la vulve. Les tee-shirt de l'instagrameuse "Je m'en bat le clito" avec justement deux clitoris dessus. Des représentations de vulve croisées sur des panneaux en ville. Le clip Les passantes de George Brassens réalisé par Charlotte Abramov. Les nouvelles publicités de protections hygiéniques avec du sang rouge et non plus bleu.


Pour une démocratisation de la vulve et du clito : courage, nous y sommes presque !


Manon Rivière


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