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Les intérêts de nos enfants sont-ils les nôtres ? L’affaire Pannier-Runacher

Dernière mise à jour : 8 janv.


Crédit photo : Cédric Bufkens


Il est des fourberies que la macronie multiplie. Après les tentatives de pantouflage des anciens ministres Frédérique Vidal et Jean-Baptise Djebbbari, les déclarations fallacieuses de patrimoine d’Alain Griset ou encore la mise en examen du garde des sceaux Éric Dupont Moretti pour prise illégale d’intérêts, une nouvelle affaire vient frapper la réputation du gouvernement.


Dans un article paru le mardi 8 novembre, le site d’investigation Disclose a révélé les liens de Anne Pannier- Runacher, actuelle ministre de la transition énergétique, avec Arjunem, une société partageant des intérêts financiers avec Perenco, numéro 2 du pétrole en France. Ainsi, une ministre dont l’objectif est de sortir la France des énergies fossiles flirte avec une compagnie pétrolière : on a vu plus éthique. La Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, chargée de promouvoir la probité et l’exemplarité des responsables publics, a presque immédiatement ouvert une enquête.


Quid de la nature de ces liens ?


Arjunem est une société créée en 2016 par Jean-Michel Runacher, père de la ministre, fondée avec l’apport en action de trois fonds spéculatifs domiciliés dans des paradis fiscaux. Ce sont les mêmes que ceux utilisés par Perenco, où travaillait d’ailleurs Monsieur Runacher jusqu’en 2020.


Plus obscure encore, les trois enfants de la ministre, âgés de 13 ans, 10 ans et 5 ans à l’époque, sont devenus actionnaires aux côtés de leur grand-père. L’objectif clairement revendiqué : faire une donation de plus d’un million d’euros à ses petits-enfants, en évitant qu’ils aient à payer des droits de succession à son décès.


À l’époque, Agnès Pannier-Runacher, sur le point de rejoindre la campagne de Macron, va signer les documents autorisant ses enfants à devenir actionnaires, pour la somme de 10 euros chacun, leur grand-père apportant le reste du capital sous forme d’investissements spéculatifs.


Disclose a contacté la ministre lors de la construction de l’enquête, sa réponse est consultable en ligne. En quelques mots, elle respecte le désir de son père de transmettre une partie de son patrimoine à ses petits enfants, et pour toutes les questions épineuses liées aux fonds issus de paradis fiscaux, les journalistes n’ont qu’à aller interroger le principal intéressé. S’agissant de sa propre implication, elle considère ne pas avoir à mentionner la société de ses enfants, ces derniers étant, pour l’instant, nus-propriétaires d’Arjunem et ne touchant aucun dividende. Elle précise également que la société est bien « soumise à la fiscalité française ».


La ministre est-elle alors vraiment en situation de conflit d’intérêt ?


Agnès Pannier-Runacher n’avait pas forcément à déclarer cette société, la loi n’obligeant pas à déclarer les intérêts de ses enfants, seulement des conjoints. Toutefois, l’association anticorruption Anticor insiste sur le fait que la ministre est sans aucun doute dans une situation de conflits d’intérêts. Il n’existe pas, légalement, une obligation déclarative, mais la Haute Autorité souligne un devoir de faire cesser de telles situations qui naîtraient dans les activités de la famille, comme dans celles des enfants par exemple.


Certaines personnalités, telles que le directeur de Greenpeace France, Jean François Julliard, appellent à la démission de la ministre. Aussi, les membres de la Nupes ont été particulièrement critiques face à ces déclarations. Dans l’hémicycle, le socialiste Arthur Delaporte a interpelé Elisabeth Borne sur sa connaissance des faits au moment de la nomination d’Agnes Pannier-Runacher en tant que ministre de la transition énergétique. La première ministre a déclaré ne pas vouloir faire de commentaire sur des articles de presse. Aurélien Saintoul, insoumis, a qualifié cette affaire de « bingo de l’oligarchie ».


Ainsi, avec un gouvernement qui a bientôt le même nombre de scandales judiciaires que d’utilisation du 49.3, ce n’est pas durant ce mandat que nos dirigeants seront des modèles d’exemplarité.


Flora Gendrault



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