Présidentielles américaines : à quand la fin de l’ère Trump ?
Dernière mise à jour : 27 sept. 2020

Les Etats Unis comptent déjà 85 000 morts dus au Coronavirus. L’impact de la crise sanitaire conduit à un flou général quant à la tenue des élections présidentielles américaines : sera-t-elle repoussée, aura-t-elle seulement lieu ? Pour l’instant les primaires sont à l’arrêt. La politique de Trump en matière de gestion sanitaire fait l’objet de débats. Quel avenir envisager pour la Maison Blanche ?
L’union des démocrates face à la menace Trump
Aux États-Unis, si Donald Trump, a déjà remporté le nombre de délégués nécessaires pour remporter la nomination, les primaires pour l’investiture démocrate sont à l’arrêt. Dans le contexte de crise sanitaire, une bonne partie des Etats ont fait le choix de repousser les leurs en juin.
Pour l’instant, côté démocrate, l’ancien vice-président Joe Biden dispose d’une solide avance en nombre de délégués sur son rival, le sénateur Bernie Sanders (1 293 contre 937). Rien n’est sûre pour les démocrates : et si le président républicain pouvait voir son mandat allongé ?

Face à la menace républicaine, les démocrates font le choix de se regrouper, unis, derrière le candidat le mieux placé.
Le 13 avril, c’est Bernie Sanders qui proclame son soutien envers celui qui était encore, il y a peu, son premier rival : Joe Biden. “Nous avons besoin de vous à
la Maison-Blanche et je ferai tout ce que je peux pour que cela arrive”, déclare-t-il.
Le lendemain, l’ancien président démocrate, Barack Obama, annonce « Je suis fier de soutenir Joe Biden pour devenir président des Etats-Unis ».
Le mot d’ordre semble donné pour les démocrates : tout faire pour contrer Trump.
En effet, pendant que Joe Biden n’a toujours pas remporté le nombre de délégués nécessaires, pour se présenter à l’automne contre Trump, le candidat républicain, lui, multiplie les apparitions médiatiques et bénéficie d’une hausse du soutien de l’opinion. Selon un sondage Ipsos publié le 14 avril, le nombre d'Américains qui approuvent le président Donald Trump a augmenté de 5 points de pourcentage au cours de la semaine dernière.
Comment expliquer la menace Trump ?
Depuis le début de son mandat, la politique de Donald Trump avec l’extérieur est critiquée et critiquable.
Une semaine après son élection, Trump suspend le programme fédéral d’admission et de réinstallation de réfugiés de pays en guerre.
Dans le même mois de janvier 2017, il décide de la construction d'un mur le long de la frontière entre les Etats Unis et le Mexique.
Se présentant depuis le début climato-sceptique, le 1er juin 2017, il retire les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, parce que selon lui « cet accord désavantageait les États-Unis » (judicieux à l’ère de la sixième extinction de masse, et des réfugiés climatiques).
À côté de ça, Donald Trump se prépare à la Guerre. Les dépenses militaires connaissent une croissance exponentielle, avec une hausse de 6,6 % en 2019 par rapport à 2018. Il affirmait déjà pendant sa campagne présidentielle, et dans la lignée de son prédécesseur Bush, vouloir « prendre le pétrole » des Irakiens.
En avril, 2017, il décide de bombarder la Syrie. Le mois suivant c’est un avion de combat et un drone de combat syriens, qui sont abattus par les forces armées américaines.
Un mois plus tard, il déclare qu’il faille « s'occuper rapidement du dossier nord-coréen et de la menace que représentent ses programmes nucléaires et balistiques ».
Comme ce n’est pas assez, en mai 2018, Trump s’en prend à l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, qui avait été négocié trois an plus tôt, après une décennie de tensions. Se retirant de l’accord, les États-Unis annoncent le rétablissement de « sanctions au plus haut niveau » et menacent l’Iran de « conséquences très graves » s’il décidait de relancer son programme nucléaire.
Mais cette volonté d’empêcher d’autres pays à concevoir l’arme nucléaire, se conjugue paradoxalement à la décision de Trump de miniaturiser celle des États-Unis, passant de l’ère de la dissuasion nucléaire, à celle du possible affrontement.
Si la politique de Trump peut passer pour totalement spontanée, voire irréfléchie, en vérité, force est de constater que dans les contextes de Guerres internationale, il est coutume que la nation ait tendance à se ranger derrière une personnalité politique charismatique, se présentant comme protectrice de la nation.
Ce fut le cas en France, sous Vichy, puis sous De Gaulle. Aux Usa, la Guerre contre le terrorisme, déclenchée à la suite des attentats du World Trade Center, a également permis de renforcer l’image de Bush, comme défenseur de la nation.
Ce phénomène, Trump l’a bien compris. L’assassinat du général iranien Soleimani, ordonné par Donald Trump lui-même, à 10 mois de l’élection présidentielle à laquelle il se représente, n’est pas un choix anodin. Le jour même où est rendue publique l’opération militaire, Donald Trump, qui nous a pourtant habitué à tweeter des discours spontanés sur tout et rien, se contente de publier sur son compte Twitter le drapeau des États-Unis d’Amérique. Il s’agissait bien d’une opération de propagande du président, qui entend ainsi placer derrière lui, tous ceux qui se trouvent sous l’égide du drapeau des États-Unis.
Et c’est ainsi que la crise du coronavirus permet d’expliquer la hausse du soutien de l’opinion envers Donald Trump, se présentant depuis le début comme le plus fervent patriote américain.
Mais est-ce suffisant pour un second mandat ?
Crise du coronavirus : l’erreur de Trump ?
Première chose à constater : si le sondage Ipsos publié ce mardi 14 avril, révèle une hausse du soutien de l’opinion, seuls 48% des sondés ont déclaré qu'ils approuvaient la façon dont Trump avait répondu au COVID-19.

Le moins qu’on puisse dire est que Trump n’a pas mené une politique de santé active. Dès l’automne 2017, et contre l’avis du Congrès, il a supprimé le dispositif de l'« Obamacare » qui servait à abaisser le prix des couvertures santé pour les Américains modestes.
Et vu le prix des assurances de santé privé, on estime que 27,5 millions d'Américain n'ont pas d'assurance-maladie.
La situation devient dramatique, dès lors, aux Etats-Unis, d’autant qu’aujourd’hui, il s’agit du pays le plus touché par le coronavirus avec déjà plus de 85 000 morts. L’OMS qualifie les États-Unis du nouvel « épicentre de l’épidémie mondiale ».
Et pourtant, cette pandémie, Trump avait eu le temps de la voir venir sur son sol, le premier cas confirmé de COVID-19 aux États-Unis, ayant été annoncé le 21 janvier 2020. Et pourtant aucun ordre fédéral de confinement n’a été donné. Le président pourrait inciter les autorités fédérées à agir fermement, mais Donald Trump s’est pour l’instant refusé à faire. À la place, il a dévoilé, ce jeudi 16 avril, un plan en trois étapes pour rouvrir l'économie américaine ; estimant qu'il était temps de faire « redémarrer l’Amérique ».
Pour couronner le tout, Trump a décidé, le 14 avril, de suspendre le financement des États-Unis à l'Organisation Mondiale de la Santé, après l’avoir accusée d’avoir mal géré la crise provoquée par le coronavirus et d'être inféodée à la Chine.
Cette décision, a suscité de vives réactions partout dans le monde, en particulier, dans le contexte actuel de pandémie mondiale, notamment par Bill Gates, le fondateur de Microsoft : "Arrêter le financement de l'Organisation mondiale de la santé en période de crise sanitaire mondiale est aussi dangereux qu'il y paraît. Leur travail ralentit la propagation de COVID-19 et si ce travail est arrêté, aucune autre organisation ne pourra les remplacer. Le monde a besoin de l’OMS, maintenant plus que jamais", tweete-il.

Une politique de santé, donc, à déplorer. Résultat ? Outre la situation dramatique aux États-Unis, le sondage Ipsos publié mardi révèle que 52 % des Américains ont déclaré qu'ils estimaient que Biden était mieux adapté que Trump pour lutter contre le coronavirus, et 57 % pensent également que Biden serait un meilleur gestionnaire du système de santé du pays.
Ainsi, 45% des électeurs inscrits ont déclaré qu'ils soutiendraient Biden lors des élections du 3 novembre, tandis que 40% ont déclaré qu'ils voteraient pour Trump.
Reste à voir ce que révéleront les élections de l’automne, en espérant que la situation permettra qu’elles se tiennent dans les meilleures conditions sanitaire possibles….
Tifenn Leriche