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Professeure des écoles en temps de pandémie : entre difficultés et adaptation



Après un an d’enseignement sous le signe de la covid-19, Lydie, institutrice depuis une vingtaine d'années, raconte son quotidien dans une école rurale mayennaise. Entre directives plurielles et protocoles superposés, l’année scolaire est inédite tout comme son enseignement.


Lorsque l’école à distance a commencé il y a près d’un an, l’enseignante s’est adaptée rapidement. Pour sa classe de CE1-CE2, elle avait choisi d’allier un cahier d’exercices imprimable avec des exercices en ligne, ponctués de cours en visioconférence pour amener de nouvelles notions: “il ne fallait pas qu’ils restent sur leurs acquis!”. Pourtant rapidement, les problèmes s'enchaînent et la professeure se rend vite compte que “l'école à distance c’est horrible”. Entre la critique de la quantité des exercices à imprimer ou au contraire, de ceux en ligne, il n’est pas facile de satisfaire tous les parents. D’autant plus qu’avec des enfants de sept à neuf ans, l’école à la maison requiert une attention particulière : “ils ont besoin qu’on soit à côté d’eux, ils ne sont pas assez autonomes…” et “il faut une réserve de patience hallucinante”. Pour certains parents, faire l’école à la maison est vite devenu compliqué. L'institutrice l'explique par la pression de la réussite : “on est rentré dans leur vie en provoquant des exigences, on mettait une pression sur les parents”. En distanciel, “beaucoup se sont aperçus qu’être une maîtresse, ce n’est pas donner que des exercices”.


Ainsi, en mars 2020 “c'était très compliqué”. Sans interactions entre les élèves et l’enseignante, il n’y avait pas “d’effet feedback” sur la compréhension des élèves. Lydie explique d’ailleurs que “c’est surtout terrible pour les enfants qui sont en grande difficulté, on ne fait que les enfoncer”. Alors, à l’annonce de l’enseignement distanciel en avril 2021, elle a opté pour un plan de travail écrit, sans donner de cours à distance. Mais là encore difficile de satisfaire tout le monde : “pour certains j’en ai donné trop pour d’autres, pas assez”. Alors Lydie n’a qu’un espoir : “Je veux qu’à la rentrée, on reprenne en présentiel”.


L'école à distance c’est horrible


Le présentiel, l’enseignante l’attendait particulièrement : “quand j’ai repris en septembre c’était hors de question que je reprenne comme fin juin” avec un protocole très strict. Elle a donc fait le choix de ne pas respecter la distanciation physique, compliquée avec une classe de 26 élèves, mais en gardant les masques et le lavage de mains très régulier. Le plus important était de retrouver “une vie de classe normale sans se focaliser sur la covid”. Pour l’institutrice, tout est une question d’équilibre. La covid touche aussi les enfants, notamment ceux qui sont déjà en insécurité affective. Il faut donc jongler entre la sécurité sanitaire et la sécurité psychologique de l’enfant.


Une vie de classe normale


Aujourd’hui, l’institutrice s’est habituée à faire classe en période de pandémie. Le lavage des mains reste chronophage et les masques entraînent quand même des difficultés de communication. L’enseignante explique en riant que le plus gros problème est de ne pas “arriver pas à chopper celui qui parle !” Mais pourtant le port du masque “c’est la règle” et pour elle, il est hors de question de l’enlever. Tout est une question d'adaptation : “il faut s’adapter en permanence, si tu ne sais pas t’adapter, tu n’es pas instit’!” Malgré tout, entre l’annulation des projets pédagogiques et les restrictions sanitaires, “on fait l’école de base” et c’est ce que Lydie regrette le plus.


Johanne Mâlin


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