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Sans contact ? (Mediaparks - Paul Goupil)


Cet article a été écrit par Mediaparks, partenaire de l'Arespublica.





Alors, la bise, la poignée de mains, l’effleurement amical, c’est fini ? Le monde d’après a-t-il renoncé à la tendresse, aux élans, à l’épreuve physique entre potes, au sein d’une équipe sportive ? La Covid « a révélé un édifice qui d’habitude est invisible, celui de la communication non verbale, notamment celle au contact physique, qui fonde nos relations sociales » souligne Fabienne Martin-Juchat, auteure de L’aventure du corps (Presses universitaires de Grenoble). On sait que la nature nous a dotés de fibres nerveuses dites CT (C tactiles). Leur effleurement doux activerait des zones du cerveau qui déclenchent la sécrétion de l’hormone de la confiance, et d’endorphines aux effets euphorisants et antidouleurs. La caresse joue un rôle clef dans la relation mère-enfant et le bon développement du « cerveau social » du bébé.


Pendant le confinement, des pensionnaires des Ehpad ont développé stress et état dépressif, par manque de ces contacts chargés d’émotion. À l’inverse, comme le rappelle l’historien Clément Fabre, la découverte à la fin du XIXe siècle des bactéries et des virus et de leur rôle dans la propagation des maladies avait attiré la suspicion sur les contacts corporels. Louis Pasteur avait la poignée de main en horreur. Ce serrement de mains a pourtant incarné au long du XXe siècle la modernité. La photo de Rabin, l’Israélien, et d’Arafat, le Palestinien, en 1993, ou celle de Macron et Trump en 2019 – se serrant la main dans des contextes bien différents – sont devenues des symboles. Les salutations traditionnelles asiatiques sans contact semblent devoir s’imposer aujourd’hui. Pour autant, la tendresse peut toujours s’exprimer par la voix, le sourire, le regard. Sans contact, oui, mais avec tact.



par Paul Goupil

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