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Taïwan, une terre d’Occident sous surveillance des États-Unis

Dernière mise à jour : 11 oct. 2022

Billet d'actualité en date du 7 août 2022.




C’est une île dont l’histoire si conflictuelle s’étend sur des siècles de tensions et tumultes régionales. Taïwan, d’une taille équivalente à la Belgique, entourée par la mer de Chine et l’Océan Pacifique et située à quelques kilomètres des côtes de l’Empire Celeste, est à nouveau plongée au cœur de l’affrontement Chine - USA.

Le 2 août 2022, c’est la visite de la présidente de la chambre des représentants (équivalent Assemblée Nationale), Nancy Pelosi, qui a fâché Pékin. En effet, la Chine a posé ses règles depuis la révolution de 1949 : quiconque entretient des relations diplomatiques avec Taipei (capitale de Taïwan) ne peut en entretenir avec Pékin. C’est d'ailleurs cette même Révolution et la victoire du PC sur le parti nationaliste Kuamatong qui est à l’origine de cette scission chinoise qu'incarne Taïwan. Les nationalistes fuient sur l’île, les communistes restent sur le continent, les deux partis ayant alors toujours l’ambition de reconquérir l’autre camp et d’unir la Chine pour toujours. Aujourd’hui, les ambitions guerrières de Taïwan n’existent plus, celles de la Chine continentale demeurent. Depuis les années 80, l’île s’est démocratisée et occidentalisée : le fossé s’est créé avec la Chine à tel point que Taïwan est largement considérée comme un pays indépendant dans l’opinion publique mondiale, même si elle n’est pas reconnu officiellement comme tel. En effet, le président XI JinPing est décidé à effacer la culture occidentale de Taïwan et de réunir la Chine. En octobre 2021, il déclarait vouloir "réunifier la patrie par des moyens pacifiques”. On peut douter “des moyens pacifiques”, preuve en sont les essais militaires et les tirs de missiles qui ont survolé Taïwan quelques jours après le départ de Pelosi.


Si la Russie a osé envahir son voisin, alors la Chine le peut aussi


Bien que ce conflit soit à l’origine une guerre civile chinoise, il est progressivement devenu un conflit de la guerre froide et maintenant l’affrontement entre les deux grandes puissances mondiales, qui menace de dégénérer. Lors d’une visite au Japon en mars dernier, Biden a averti : “c’est l’engagement que nous avons pris”, répondant ainsi à la question de savoir si les États-Unis défendaient Taïwan en cas d’attaque militaire. En fait, c’est la guerre en Ukraine qui a tout changé selon le chroniqueur du New York Times : “Biden sait qu’après l’invasion de l’Ukraine les règles ne sont plus les mêmes”. C’est en cela que la guerre lancée en février est peut être le plus gros tournant géopolitique majeur du 21ème siècle. L’invasion d’un pays de 44 millions d’habitants par la deuxième puissance militaire mondiale est le plus beau cadeau pour la Chine : si la Russie a osé, la Chine le peut aussi.


Taïwan, un contre-modèle chinois essentiel pour les USA


Bret Stephen salue aussi “le sens de l’histoire de Joe Biden”. Stephen parle ici des relations entre Taïwan et les États-Unis, notamment régis par le Taïwan Relation Act. Signé en 1979, il confère à l'île le quasi statut d’un État, bien que les États-Unis reconnaissent plutôt la Chine continentale en raison de son poids économique et stratégique. Il permet aussi à Taïwan de voir les États-Unis lui porter assistance en cas d’attaque. “Les États-Unis mettront à disposition les besoins et services de défense en quantité aussi nécessaire qu’il le faudra pour permettre à Taïwan de maintenir des capacités d’auto défense”, stipule la loi. Elle ne prévoit pas d’intervention militaire contrairement à ce qui est parfois dit. On peut estimer que l'engagement dans une guerre n’est pas mentionné dans l’acte car cela signifierait implicitement l’existence de deux Chine rivales aux yeux des USA.


Toutefois, la visite de Pelosi sur place n’arrange rien et ne s’aligne pas sur la position américaine qui veut la poursuite du statu quo. Si la situation s’embrase depuis peu, c’est que ce statu quo semble de plus compliqué à tenir, tant Taïwan et la Chine Continentale sont deux réalités politiques complètement éloignées. D’un côté, Taïwan s’est rapidement démocratisée dès 1986 avec la fin du parti unique et les premières élections libres en 1992. En 2020, c’est un coup dur pour Pékin puisque Taïwan élit une président issue du parti démocrate progressiste, militant pour l'autodétermination de Taïwan. Et de l’autre côté, en Chine continentale, l’arrivée au pouvoir de Xi Jin Ping en 2011 a encore plus fait reculer la démocratie et les droits de l’homme, en génocidant les Ouighours et en niant l’idée d’un système Honk Kongais autonome. En réalité, Taïwan est l’anti-modèle de la Chine et ses amitiés avec les Etats-Unis ne plaisent pas vraiment à Pékin. Le Global Times (journal chinois aligné sur le Parti Communiste) écrivait cet été dans son édito : “Les bras de Washington sont bien trop longs, Pékin et Moscou devraient les raccourcir”.

Depuis le 24 février, le monde a changé et la guerre à Taïwan semble inéluctable. Bret Stephen dit : “Biden pense que l’invasion de Taïwan serait une catastrophe comparable à ce qu’il se passe en Ukraine”. Il poursuit : “ Il serait alors prêt à aller bien plus loin pour y mettre fin”.



Malo Lazé



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