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« Pick me, choose me, love me » ou la misogynie intériorisée enfin dévoilée





« Les femmes, il faut les traiter comme de la merde », déclarait Trump.  Si la misogynie est de prime abord, typiquement masculine, elle est aussi pratiquée par les femmes. Le hashtag #pickmegirl sur les réseaux sociaux a permis de placer au premier plan, ce comportement qui pourrait en apparence être qualifié de paradoxal.

La misogynie peut se définir comme une hostilité ou un mépris envers les femmes, alors comment se fait-il qu’une femme puisse être misogyne, tout à la fois oppresseur et victime ?

Ce double positionnement provient de la socialisation primaire de la petite-fille. L’apprentissage puis l’intériorisation des normes sociales peuvent s’opérer de 3 manières : l’imitation, l’injonction et l’interaction (essais/erreurs), la finalité étant l’oubli du processus d’apprentissage. Cette assimilation est tellement profonde qu’elle en devient inconsciente. Grandir dans un environnement plus ou moins misogyne (l’école, la famille, les tiers) a donc d’énormes répercussions psychologiques : l’intégration d’attendus nocifs (l’importance de l’apparence pouvant tourner à l’obsession par exemple) et aussi physique. En effet, l’intériorisation vise également la reproduction et explique le positionnement de nombreuses femmes, le rôle qu’elles vont jouer dans la société (la fameuse dualité infirmière/médecin). Mais la socialisation (l’éducation, mais aussi nettement les médias) de ces filles ne se limite pas à une pratique d’auto-gestion du corps et de l’esprit, elle s’étend aux rapports qu’entretiennent les femmes entre elles : une compétition constante, voire même une méfiance. Les femmes sont conditionnées à être jalouses entre elles, cela provoque alors un groupe désolidarisé. L’absence de solidarité favorise inévitablement le positionnement des oppresseurs.

Cette attitude se traduit de manière inconsciente ou par intérêt. En effet, la soumission peut se choisir. Il s’agit alors d’un mode de survie qui consiste à s’effacer pour bénéficier de la protection des hommes afin d’obtenir des privilèges pour rejoindre de manière illusoire, la position de dominant. Ce positionnement peut aussi finir par être intériorisé. La femme se perd donc dans une performance éternelle.

Quoiqu’il en soit, le résultat reste le même : la gente féminine va donc vivre à travers le regard masculin, l’envie de plaire étant la priorité. Il faut donc se distinguer de ses ennemis (les autres femmes), les rabaisser pour mieux se valoriser.

La relation mère-fille, dans le cadre de ce processus (l’intériorisation de la misogynie) est particulièrement intéressante car elle permet d’observer cette binarisation de notre être (oppresseur et victime).  La mère peut à



la fois mécaniquement, faire une remarque (par exemple sur une habitude alimentaire) comprise comme un acte de bienveillance, tout en laissant transpirer de manière sous-jacente les vieux carcans misogynes, ce qu’on attend des femmes, etc.

Un des problèmes majeurs est que l’intériorisation de sa propre oppression peut donner caution aux oppresseurs : légitimer l’oppression par le fait que les femmes elles-mêmes, partagent ce point de vue.

Le hashtag #pickmegirl met donc en lumière ce comportement en le dénonçant et parallèlement, il en fait l'état des lieux, c’est une autre manière de constater que la misogynie est profondément ancrée.



Axelle Desille

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