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“Zan, zendegi, azadi”






“Femme, vie, liberté” sont les trois mots d’ordre scandés par les étudiants de Téhéran, avant que la police anti-émeute ne tire des billes en acier et des gaz lacrymogènes sur la jeunesse iranienne.


Mahsa Amini est morte le 16 septembre 2022, à 22 ans. Sa mort a déclenché un vent de révolte et un mouvement de contestation historique contre le régime, provoquant de nombreuses émeutes de Saqqez à Téhéran, d’Ispahan jusqu’à Machhad, ville de naissance de l’actuel guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Au moins 130 personnes ont trouvé la mort dans les manifestations depuis le début des répressions.


Ce n’est pas la première fois que le pouvoir est contesté en Iran, en effet en 1979 le peuple s'était soulevé contre le régime autoritaire de Muhammad Reza Pahlavi. En opposition à la tyrannie, l'ayatollah Khomeini se montre en guide du peuple et invite les femmes à s’opposer au Shah. Cette invitation au soulèvement les empêche de soupçonner le déclin prochain de leur droit. Mais Khomeini instaure une République islamique nationaliste, anticapitaliste, anti-impérialiste et en devient le guide suprême. La République islamique marque un véritable retour en arrière sur les libertés individuelles et les droits des femmes. Le conservatisme religieux réforme le statut des femmes en rendant le port du hijab obligatoire, leur interdisant de chanter et danser en public, en les excluant d’un grand nombre de domaines professionnels, en imposant leur ségrégation dans les bus ou encore en compliquant les possibilités de divorce, un acte considéré comme une atteinte à la virilité de l’homme.


La révolte actuelle s’avère être la plus radicale depuis la révolution islamique. La jeunesse scande sans peur “A bas la dictature” et ne craint plus la répression, quitte à y laisser sa vie. Pour la première fois un tel soulèvement prend racine dans la mort d’une jeune femme.

Mahsa Amini est morte à Téhéran sous les coups de la police des mœurs. Cette police, composée en partie de femmes, est née avec la révolution islamique de 1979 pour assurer de manière arbitraire et violente le respect des lois rendant le port du voile obligatoire et interdisant le port de couleurs trop vives et des manteaux au-dessus du genou. Cette jeune femme du Kurdistan iranien qui était en visite avec sa famille à Téhéran, a été arretée pour une mèche de cheveux dépassant de son voile. La police des moeurs l’a interpellée et embarquée pour lui enseigner la manière dont doit se comporter une femme. Trois jours après, elle décède en détention. La police prétend un malaise, mais impossible de connaître

la vérité.


Le 17 septembre 2022 le cortège funéraire de Mahsa Amini électrise les Iraniens, entraînant les premiers soulèvements. Principalement la jeunesse se mobilise dans la rue. Les femmes se coupent les cheveux, se montrent à visage découvert sans voile sur les réseaux sociaux montrant leurs cheveux au monde. De tout âge, elles dansent dehors et brûlent leur voile comme symbole de liberté. S’opposer aux lois islamiques est un crime mais "Les étudiants préfèrent la mort à l'humiliation". La présence de femmes sans le traditionnel hijab dans la rue est une provocation pour l’Etat islamique d’Iran qui se doit de faire respecter sa loi. La police ne se voit pas limitée par le régime pour rétablir l’ordre à sa manière et organise des arrestations de masse, l’accès aux réseaux sociaux est restreint par les autorités qui dénoncent la conspiration des ennemis de l’étranger comme les États-Unis. Ce n’est pas une guerre d’athées contre religieux, mais bien un combat pour la liberté.



Depuis Mahsa Amini, des élèves ont retiré leurs voiles et ont forcé un membre du Ministère de l’Éducation à quitter leur école. Les adolescentes montrent leurs cheveux et crient “mort au dictateur” dans les collèges. Elles déchirent des photos de Khomeini, le fondateur de la République islamique. Hadis Najafi est morte à Karaj le 21 septembre à 20 ans, dans une manifestation où la police l’a tué de 6 balles. Nikka Shakarami est morte sous les coups de la police à 17 ans, nez et crâne brisé. Il ne leur reste que ce soulèvement venu de la base, d’un peuple sans guide pour affirmer le souhait de liberté face à la répression de l’Etat islamique.


Iraniens, femmes en tête, manifestent au péril de leur vie.



Rachel Garnier

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