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Brève histoire des indépendances écossaises.

Dernière mise à jour : 27 sept. 2020




La formation de l’Ecosse et la première guerre d’indépendance.


La première forme de résistance au sein du territoire actuel de l’Ecosse remonte au IIe siècle avant Jésus-Christ, lorsque l’Empire Romain conquiert les îles britanniques. Cependant, la Caledonia - actuel nord de l’Ecosse - demeure libre et est séparé de l’Empire romain par les murs d’Hadrien et d’Antonin. Y vit alors un peuple d’influence celtique, les Picts, qui disposent de leur propre langue, leur propre culture et leur propre territoire. En 843, les Picts et les Scots, également appelés Gaels, fondent le Royaume d’Ecosse ou d’Alba. Très vite, les conflits entre Anglais et Écossais apparaissent. Tandis que les rois écossais cherchent à étendre leur territoire vers le sud, les Anglais se donnent pour mission d’imposer leur suzeraineté sur l’ensemble des Royaumes britanniques. Les heurts ne tardent pas à arriver et ce sont les conflits de succession à la mort d’Alexandre III d’Ecosse qui vont créer une opportunité pour Edouard Ier d’Angleterre de s’emparer du pouvoir. Les nobles écossais organisent ainsi une résistance et forment en 1295 la Auld Alliance avec les capétiens. C’est ainsi qu’une guerre de 32 ans éclate, dans laquelle W.Wallace - proclamé “gardien du Royaume d’Ecosse” - mène une guerre consistant à ne pas affronter directement l’ennemi mais plutôt à organiser des assauts ou embuscades par surprise. Là est l’une des spécificités de la première indépendance écossaise, qui fût acquise par la guérilla. Progressivement, les Ecossais prennent le dessus sur les anglais et le coup de grâce est donné par la victoire de la Bataille de Bannockburn en 1314. L’indépendance est officialisée par Robert Bruce, alors devenu Roi d’Ecosse, et le Roi d’Angleterre Edouard III le 1er Mai 1328, date de la signature du traité d’Edimbourg-Northampton.



Les révoltes jacobites.


Cependant, le Roi d’Angleterre ne compte pas respecter le traité d’indépendance et profite de la jeunesse du Roi David II, fils de Robert Bruce, pour reprendre les combats en 1332. La deuxième guerre d’indépendance écossaise conduit à un statu quo plutôt favorable à David II. Lorsque ce dernier meurt, c’est son neveu Robert II ou Robert Stuart qui hérite du trône en 1371 et fonde la dynastie qui va régner sur les Royaumes d’Ecosse et d’Angleterre à partir de 1603. En gage de respect des spécificités nationales, l’Ecosse reste juridiquement séparée de l’Angleterre. L’arrivée sur le trône anglais d’une dynastie écossaise signifie-t-elle la fin des conflits scotto-anglais ? L’histoire montre que non. En 1688, Jacques de Stuart ou Jacques II d’Angleterre est évincé du pouvoir. Se soulèvent alors durant la première moitié du XVIIe siècle les Highlanders, peuple issu du Nord-Ouest de l’Ecosse, autrement nommés les Jacobites du nom de leur roi. Cette éviction est encore plus intolérable que le traité d’Union de 1707 met en place un Parlement unique à Londres qui unit de droit et de fait l’Ecosse à l’Angleterre sous le nom de Royaume-Uni de Grande-Bretagne. Les conflits s’exacerbent à partir de 1714 et c’est en 1745 que les Jacobites, unis derrière leur nouveau prince Charles-Edouard Stuart, arrivent aux portes de Londres déterminés à récupérer le trône et leur liberté. Néanmoins, rien ne se passe comme espéré et les Highlanders doivent rebrousser chemin. La bataille de Culloden, le 16 Avril 1746 signe la fin des révoltes. Les Écossais s’étaient notamment rebellés par peur de voir disparaître la culture gaélique et leur forme traditionnelle d’organisation politique : les clans. Cette peur n’était pas entièrement infondée puisque les Anglais, pour assurer leur domination, interdisent les tartans, symboles de l'allégeance à un clan.



Les mouvements nationalistes du XIX et XXe siècles


La première organisation à revendiquer une reconnaissance élargie des droits écossais est la National Association for the Vindication of Scottish Rights, créée en 1853. Cependant, le nationalisme écossais comme revendication indépendantiste contemporaine ne naît véritablement qu’au XXème siècle. Ce retard tardif s’explique par l’autonomie dont dispose l’Ecosse dans les domaines juridiques, éducatifs et religieux. De même, la relative prospérité économique de la Grande-Bretagne permet à de nombreux Écossais de s’enrichir rapidement et de jouir d’une identité à la fois écossaise et britannique. C’est d’ailleurs avec l’affaiblissement de la Grande-Bretagne, qui s’explique par la fin de son hégémonie internationale et par les deux conflits mondiaux, que le nationalisme écossais va progresser. Malgré un premier siège obtenu au Parlement britannique en 1945, le nationalisme peine à s’implanter notamment à cause de querelles internes qui discréditent le mouvement. Dans les années 1960 le Scottish National Party (SNP), fondé en 1934, évince les nationalistes d’allure xénophobe pour construire une vision plus argumentée d’une Ecosse indépendante et s’affirme comme un parti de centre-gauche. C’est dans les années 1970 qu’émerge véritablement le courant nationaliste écossais, ce qui lance le débat suivant à Londres : faut-il répondre aux revendications institutionnelles écossaises ? Durant la même période, l’Ecosse connaît une forte effervescence culturelle et intellectuelle qui se conjugue avec une adhésion importante de la population aux revendications autonomistes. L’arrivée de Tony Blair en 1997 favorise la tenue d’un référendum sur la dévolution de pouvoirs à l’Ecosse, débouchant sur la création d’un Parlement qui possède le droit d’édicter ses propres lois. Holyrood, du nom du quartier où se situe le Parlement, est alors capable de légiférer dans les domaines de la santé, de l’éducation ou encore des transports.


L’arrivée au pouvoir du SNP et la question du (des) référendum(s) sur l’indépendance


Les sentiments de déception et de rejet respectivement envers le parti travailliste et le parti conservateur permet au SNP de se présenter comme une alternative crédible aux yeux des Écossais. C’est ainsi que le parti, dirigé par Alex Salmond, obtient la majorité des sièges du Parlement Écossais en 2011 et a les mains libres pour développer sa politique et plus particulièrement pour relancer officiellement la question de l’indépendance. Cela se traduit concrètement le 15 Octobre 2012, lorsque les premiers ministres David Cameron et Alex Salmond signe l’accord d’Edimbourg, qui prévoit la tenue d’un référendum portant sur la question suivante : “l’Ecosse devrait-elle être un pays indépendant ?”. S’engage alors une campagne passionnée entre les partisans du “Yes Scotland” et les partisans du “Better Together”. Le 18 Septembre 2014, le non l’emporte à 55,3% mais ne met pas un terme au mouvement massif pour l’indépendance, puisque même après le référendum les membres du SNP et des autres mouvement indépendantistes augmentent. La dynamique pour le changement en Ecosse se poursuit d’autant plus qu’à la suite du référendum, David Cameron annonce la création de la Commission Smith ayant pour objectif de mettre en place un projet permettant de transférer de plus amples compétences à l’Ecosse. Dans ce contexte, le Brexit voté par référendum en 2016, constitue une réelle menace d’éclatement du Royaume-Uni, d’autant plus que 62% des électeurs écossais ont voté contre la sortie de l’Union Européenne. Cet attachement à l’Europe est constitutif du nationalisme écossais depuis les années 1980 et s’est révélé très fort lors des négociations pour mener à bien le Brexit. Depuis trois ans, Nicola Sturgeon, leader du SNP et première ministre du gouvernement écossais, réclame ainsi un nouveau référendum sur l’indépendance écossais sans cesse refusé par Londres.


Les résultats des élections générales britanniques du 12 décembre 2019 dégagent certes une large majorité aux conservateurs, mais le SNP obtient lui 48 des 59 sièges écossais. Ces résultats semblent confirmer la fracture politique entre l’Ecosse et le reste de l’Union et permettent à Nicola Sturgeon, légitimée, de revendiquer pleinement la tenue d’un nouveau référendum. Elle n’hésite pas à affirmer que ces résultats sont “un soutien clair pour que l’Ecosse ait le choix de son avenir”. Mais la question reste entière. Les conservateurs sont traditionnellement réticents à la décentralisation au Royaume-Uni et Boris Johnson, l’actuel Premier Ministre, ne semble pas ouvert à de véritables négociations avec le SNP.



Léa Lebon

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