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La diplomatie des passeports: Tous égaux face au douanier ?


Faire du tourisme, aller voir sa famille ou encore se rendre à un événement professionnel à l’étranger : des actions qui semblent banales de nos jours. Pourtant, pour nombre de citoyens dans le monde, les démarches nécessaires pour obtenir le droit de traverser les frontières restent titanesques.



Depuis bientôt un an, la pandémie de la Covid-19 a bouleversé nos habitudes. Moins de contacts sociaux, de loisirs et moins de voyages. Pour un européen, il est habituellement facile, moyennant quelques moyens, d’organiser un voyage au sein de l’Union Européenne en quelques semaines. Le tout sans contraintes administratives. Les compagnies aériennes low-cost ont, depuis le début des années 2000, accéléré le phénomène. Partir à l’étranger est une pratique qui se démocratise: en 2019, selon un sondage IPSOS, 44% des personnes interrogées déclarent souhaiter passer leurs vacances hors du territoire français. Ces derniers mois, les restrictions liées à la situation sanitaire ont changé la donne. L’occasion de s’interroger sur notre droit à la libre circulation et son universalité ou non.





Pour une personne possédant la nationalité française, les possibilités de mobilité à l’étranger semblent infinies. 186 territoires exemptent ainsi les français de visa préalable, pour des voyages touristiques de moins d' 1 ou 3 mois selon la destination. Inutile donc de se rendre à l’ambassade du dit pays, de fournir une invitation puis d’attendre l’accord et la délivrance d'un visa. Parmi ces territoires, des pays aussi divers que le Mexique, l’Afrique du Sud ou encore la Corée du Sud. Ceci sans compter les États membres de l’espace Schengen où l’accès n’est pas contrôlé, notamment par voie terrestre et ferroviaire. Si vous devrez parfois faire la demande d’un visa à l’arrivée sur le territoire, ou bien remplir un formulaire électronique comme pour les États-Unis, nombre de destinations ne nécessitent qu’un passeport, voire simplement la carte d'identité française. La tendance opposée s’applique dans d'autres États, où vous aurez plus de difficultés à lister les territoires exemptant de visa préalable de ceux qui en demandent un. Ce avec parfois des mois voire des années d’attente sans assurance d’obtenir le précieux sésame, même en ayant déposé un dossier complet à l'ambassade. À titre d’exemple, un ressortissant iranien ne peut voyager que dans 41 territoires, dont 12 seulement ne nécessitent ni visas à l’arrivée, ni démarches supplémentaires. Parmi ces douze, l'on retrouve le Venezuela ou la Turquie, mais aussi des territoires très peu fréquentés comme le Vanuatu.





Il existe un classement de la puissance des passeports à travers le monde, publié chaque année. Celui-ci nous montre quels sont les pays avec le plus de liberté de circulation à l’étranger et ceux qui en ont le moins. Selon le Henley Passport Index, en 2020, le Japon et Singapour sont les grands gagnants, avec respectivement l’accès sans visa préalable à 191 et 190 territoires du globe. À titre de comparaison, un passeport tunisien ne vous ouvrira l’accès qu’à 71 pays sans visa préalable, 50 pour le Laos. L’Afghanistan ferme la marche avec seulement 26 territoires accessibles. Diplomatiquement, certains pays disposent donc d’un poids et de relations diplomatiques bien plus importants et pérennes que d’autres: nous ne sommes pas tous égaux face au douanier. A l’image du travel ban décrété par le président Donald Trump lors de son entrée à la Maison Blanche, la diplomatie du passeport dépend en grande partie de considérations historiques et géopolitiques. Les pays historiquement alliés tendent à faciliter la liberté de circulation de leurs ressortissants entre leurs territoires respectifs. C'est le cas au sein de l'espace Schengen mais aussi entre ex-républiques soviétiques comme le Kazakhstan, la Russie et la Biélorussie. Quant à la proximité géographique, elle n’indique pas forcément une plus grande facilité de circulation. Les ressortissants israéliens se voient ainsi refuser l'accès à plusieurs États du Proche et Moyen-Orient, à l'image du Liban, d'Oman ou encore de l'Irak.


Allons-nous vers une plus grande liberté de circulation pour les citoyens du monde entier ? Pas si sûr. Avec la pandémie, la plupart des pays ont fermé leurs frontières ou bien limité drastiquement le nombre de voyageurs. Peut-être faudra-t-il désormais entamer plus de démarches pour se rendre à l'étranger, en prouvant que nous ne sommes pas porteurs du virus ou que nous sommes vaccinés par exemple. Politiquement, certains pays comme le Royaume-Uni, entament un repli protectionniste induit par le Brexit. S'il est toujours possible pour les membres de l´UE de voyager au Royaume-Uni, depuis l'application du Brexit le 1er janvier 2021, des démarches administratives reposant sur un système de points doivent être menées pour y étudier ou bien y séjourner plus de 6 mois. À l'inverse, certaines institutions réfléchissent à la mise en place d'un passeport commun. L'Union Africaine l'envisage dans les années à venir, pour permettre une circulation plus importante des africains, dans une vision panafricaniste.


Luna Perez





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